Archives de la catégorie ‘Bad Buzz’

La dernière pub qui fait parler d’elle ces derniers jours c’est celle de la marque turque Biomen faisant la promotion d’un shampoing pour hommes.  Jusque-là rien de bien anormal, des publicités de ce type sont diffusées quotidiennement sur nos chaînes de télévision et écran d’ordinateurs.

Mais la nouvelle campagne de Biomen met cette fois-ci en scène un personnage tristement célèbre pour promouvoir ses produits.

 Si vous ne portez pas des robes de femmes, alors vous ne devriez pas utiliser de shampoing féminin non plus. Voici ici un véritable shampoing d’homme : Biomen »

Si voir la figure d’Hitler dans un film publicitaire pour un objet aussi improbable que ses soins capillaire pourrait faire en faire rire  certains on peut également se demander pourquoi un tel choix d’ « égérie » de la part de la marque.

Cette campagne bien évidemment destinée à être prise au second degré en imitant et en usant de la verve du dictateur nazi pour vendre ses shampoings ne fait clairement pas l’unanimité auprès de son public. Nombreux sont les internautes à contester ce choix et s’indigner de l’utilisation d’un personnage aussi négatif et porteur d’un passé douloureux.  En effet on peut clairement reprocher la mise en scène d’un personnage ayant causé la mort de millions d’êtres humains et diffusé des idées telles que l’antisémitisme et la xénophobie dans sa généralité.

L’anti-defamation league (ADL) qui milite contre la diffamation de la communauté juive a déjà lancé un communiqué exprimant sa colère et son indignation face à cette campagne publicitaire jugée déplacée et insultante tandis que les vidéos  de la publicité se propagent sur la toile générant des débats et discutions animés.

Je me pose ainsi la question suivante : jusqu’à quel degré d’horreur les marques sont-elles prêtes à aller pour faire parler d’elles ?

Manipulation de l’image de marque par des internautes ou pas, le mal est déjà fait puisque l’e-réputation de la firme est aujourd’hui sérieusement entachée. Il suffit de taper « Biomen » dan Google pour désormais être confrontés à ceci :

Les programmes de fidélité dans les magasins c’est bien. Mais quand les enseignes qui les proposent forcent leurs fidèles clientes à la dépense pour les conserver ça fait franchement tâche.

C’est en tout cas ce qui en train de se produire chez l’enseigne du groupe LVMH Sephora dont les clientes expriment clairement leur mécontentement sur les blogs et réseaux sociaux depuis quelques jours suite à la modification des conditions générales d’utilisation de leur carte « Gold ».

L’enseigne propose en effet à ses clientes d’accéder à plusieurs cartes de fidélité offrant chacune différents privilèges :

–          La carte « White » : Réservée aux nouveaux adhérents du magasin, elle constitue en réalité un tremplin vers la carte suivante puisqu’elle leur est envoyée après quatre passages en caisse.

–          La carte « Black » : Obtenue après vos quatre derniers tickets de caisse en cosmétiques et parfumerie elle vous permet de profiter de bons de réduction allant de 10 à 20% après quatre passages en caisses ou 150€ dépensés.

–          La carte « Gold » : Qui donne un petit goût d’inédit et de privilège à ses propriétaires obtenue après 1500€ d’achats sur une année chez Sephora, offre des réductions supérieures à la carte « Black », l’accès des soldes et ventes privées, maquillage et produits offerts le jour de son anniversaire.

L’apparition de cette nouvelle hiérarchie des clientes avait déjà fait un peu de bruit à sa sortie poussant d’ailleurs certaines d’entre elles à fuir la marque, peu enclines à se voir cataloguées et poussées à la dépense pour quelques coupons de réduction.

Mais voilà, le groupe ayant changé ses conditions d’accès à la carte, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu sur la toile. La grogne a donc commencé quand les heureuses clientes « Gold » du magasin ont reçu dans leur boite au lettre une toute nouvelle carte  portant cette fois-ci une date de validité d’un an (à compter de sa date d’envoi) et d’un carton expliquant qu’elle ne serait renouvelée pour un an supplémentaire que moyennant une dépense minimum de 700€ sous peine de se voir devenir une cliente « Black ».

Forcément se voir contrainte de dépenser une somme, pour le moins conséquente, en vue de conserver ses privilèges plutôt chèrement acquis (1500€ de dépenses pour l’accès à la carte « Gold ») ce n’est pas vraiment très agréable. L’opération d’information de ces changements vis-à-vis des clientes « Gold » ayant uniquement été relayé par courrier privé voulait sans aucun doute limiter la diffusion et la visibilité de cette nouvelle, peu réjouissante, auprès de potentielles nouvelles clientes et membres des programmes de fidélité.

C’était évidemment sans compter sur la puissante communauté menée par les blogueuses beauté particulièrement influentes sur les décisions d’achat des internautes mais également très actives sur leurs blogs (évidemment), Facebook et particulièrement Twitter. Les articles concernant leur mécontentement n’ont pas tardé, très vite suivis par la formation de groupes Facebook encourageant à boycotter la marque pour ses pratiques peu éthiques.

La révolte s'organise sur les réseaux sociaux à suivre par ici

Vraisemblablement vexées d’être considérées comme des « vaches-à-lait » ou encore des « cartes bancaires sur pattes » les clientes de la marque comptent bien rappeler à « Sepho-rat » (comme elles désignent à présent l’enseigne) que si cette dernière ne manquera pas de toujours faire des profits, elle se privera néanmoins des clientes qui ont pu favoriser sa notoriété et sa popularité et qui se dirigeront chez ses concurrents en ligne proposant les mêmes produits, et la plupart du temps, pour beaucoup moins cher. Et puisqu’elles ne sont pas méchantes elles lui fournissent également nombreux conseils :

L’enseigne de parfumerie a finalement décidé de répondre sur sa page Facebook à ces attaques en leur expliquant qu’il ne s’agissait que d’une procédure simple d’information et s’excusant pour les personnes chez qui la nouvelle ne passait pas. Pas d’explications, ni d’argumentation supplémentaires : ce qu’il fallait pour développer un peu plus la colère des clientes.

L'autre objet de la discorde...

L’annonce, particulièrement commentée et partagée, est également alimentée par les conseils de vendeuses de chez Sephora. Sans indications particulières de leur employeur ou sous la direction du Community Manager de la page ces dernières défendent ou même parfois désapprouvent les nouvelles conditions du système de fidélité, n’améliorant ainsi pas l’e-réputation déjà bien abîmée de la marque. Florilège :

Qui a dit que la meilleure défense était l'attaque ?

Une réponse qui va pas forcément améliorer la qualité du débat...

L'herbe est toujours plus verte ailleurs il parrait

Si l’on doute sur la possibilité d’un retour en arrière des conditions générales d’utilisation de la carte « Gold » des clientes mécontentes, on soulignera encore ici la puissance et l’importance de la prise en compte de sa communauté qui si elle vous aime un jour peut vouloir votre disparition le lendemain et faire ainsi de sacré dégâts. D’autant plus que la marque n’en est pas à sa première débâcle sur la toile, où ses vendeuses sont régulièrement critiquées pour leur incompétence ou encore pour le manque d’hygiène des magasins.

Le premier Bad buzz de l’année semble en effet pouvoir permettre à d’autres marques de booster leur popularité, à quelques créatifs de se faire connaître et à amuser pas mal d’internautes sur la toile. Rappelons les faits : le 4 Janvier 2012 une photo promotionnelle pour des t-shirts pour enfants pour le moins insolite est mise en ligne présentant de jeunes garçons en train de courir sur une plage tandis qu’en arrière-plan un homme nu s’apprête lui à aller se baigner.

La photo scandale

Evidemment le cliché – ou plutôt photomontage- a été partagé sur Twitter et Facebook à un rythme effréné générant certains messages assez savoureux…

…avant d’être retiré par les membres de l’équipe de La Redoute dont le community manager s’est exprimé à plusieurs reprises sur la page Facebook pour s’excuser de la mise en ligne et de la visibilité d’une telle scène.

Suite au buzz généré sur la toile certaines marques n’ont pas tardé à réagir telles qu’Orangina et son ours, une référence au Pedobear s’attirant la sympathie des habitués de la culture web avec ce clin d’œil :

ou encore le Club Med qui en profite pour faire la promotion de ses vacances en pension complète lors desquelles absolument tout est contrôlé et donc où les dérives se font plutôt rares.

Mais la marque qui a finalement le plus profité de ce bouche-à-oreille c’est les 3 Suisses qui a elle-même connu à la même période une entaille dans son e-réputation après la mise en ligne d’un t-Shirt pour homme faisant l’apologie de la pêche de requins. En effet ce dernier portant les phrases suivantes « Soupe d’aileron de requins » et « Fraîchement péché » a immédiatement alerté  les défenseurs de la cause animale qui s’en sont très vite pris à la page Facebook de la marque de vente par correspondance.

Le fail la tendance début 2012...

Réaction des internautes à la photo des 3 Suisses

Mais c’est le bruit autour de l’homme nu présent sur la photo de La Redoute qui a semblé attirer tout l’attention des internautes et des médias et a permis aux 3 Suisses de ne pas trop souffrir de cet impair. C’était de plus sans compter les deux autres fails de La Redoute encore une fois blâmée pour une photo sur laquelle un modèle porte un sweat sale et une autre sur laquelle un t-shirt est vendu avec des fautes d’anglais qui ont à nouveau attiré les discussions autour de La Redoute faisant oublier le Bad buzz des 3 Suisses.

De jolies tâches !

NB : Prendre des cours d'anglais

La marque s’est donc à son tour lancée dans la course à la parodie en proposant son propre visuel concernant l’évènement de ce tout début d’année :

La guerre de de la VPC est lancée !

Enfin deux créatifs ont fait le buzz en lançant sur Facebook puis Twitter une création très bien pensée :

Diffusant le visuel sous le nom de la marque Tipp-ex profitant de l’esprit innovant et créatif de la marque souvent promue par l’agence Buzzman Jeremy Froideval et Olivier Forestier ont clairement fait bondir leur notoriété après avoir profité de l’ambiguïté de la source autour de cette publicité. Les deux créatifs en CDD chez Extrême (agence multicanale basée à Paris) se disent ouverts à de nouvelles opportunités professionnelles…

Buzz recherché ou non par La Redoute, les parodies et détournements font légion sur internet et profitent à tous en termes de clics et de popularité.

Si grâce à la médiatisation permise par internet certains amateurs de tous domaines ont pu se faire connaître, d’autres ont connu le revers de la médaille.  En effet le partage des textes images et idées accéléré par la nouvelle circulation de l’information permet à quelques internautes de faire remonter certaines données à des entités plus ou moins connues hors du domaine virtuel, on entendra ici les grandes marques et les entreprises nationales voire internationales.  Une opportunité plutôt alléchante pour quelques blogueurs ou professionnels ayant décidé de se lancer sur la sphère digitale… sauf quand le simple fait de se faire connaître tourne par la suite au plagiat.

Une dérive plus ou moins répandue depuis quelques années du fait des centaines de milliers de contenus diffusés sur la toile accessibles à tous depuis un simple ordinateur. Cependant les plagieurs font désormais face à une vendetta virtuelle menée de front par les internautes. En effet ceux qui ont vu naître certains contenus ou créations prennent désormais le parti de signaler et de défendre leurs propriétaires de façon active.

Parmi les cas les plus connus on retrouve l’affaire Zara contre Betty (Le Blog de Betty) et Louise Ebel (Miss Pandora). Printemps 2010 sont sortis en magasins plusieurs T-shirt dont les illustrations ou motifs étaient directement inspirés voire tirés des photos des deux bloggeuses mode. Les stylistes et la direction artistique ne se sont en effet pas embêtés avec des soucis d’éthique et de droit à l’image reprenant les photos des jeunes femmes pour les commercialiser sur leurs vêtements.

Louise Ebel (Miss Pandora) reprise par Zara

Betty (Le blog de Betty) version Zara

More than clothes (blogueuse espagnole) par Zara

Certaines internautes n’ont ainsi pas manqué de le signaler aux deux bloggeuses qui elles ont relayé le message sur leurs sites respectifs mobilisant les foules pour faire disparaître les T-shirts incriminés. S‘en est suivit une véritable bataille contre la marque à coup de publications sur Facebook, de relai de l’information du Bad buzz sur les blogs et Twitter.  La marque espagnole a finalement fait retirer les vêtements de la vente face au bouche-à-oreille négatif généré (bien que les deux jeunes femmes n’aient pas porté l’affaire devant les tribunaux).

Commentaires d'internautes sur le blog de Miss Pandora

Commentaires d'internautes sur le blog de Miss Pandora (Suite)

C’est toutefois Louise Ebel aka Miss Pandora qui aura le plus « souffert » de sa notoriété sur le web puisque ses photos et son image ont à nouveau été reprises par la marque Pepe Jeans quelques mois plus tard après l’affaire Zara (puis a nouveau en novembre 2010).

Photo originale à gauche et le plagiat à droite

Coup de pub recherché par la marque pour se faire connaître ou nouveau plagiat ? Les réactions n’ont encore une fois pas manqué de la part des internautes qui ont pour la plupart décidé de boycotter l’enseigne temporairement. Louise Ebel est dernièrement apparue dans les campagnes publicitaires pour la marque Comptoir des cotonniers, où elle prête cette fois-ci son image officiellement en compagnie de sa mère.

Louise Ebel et sa mère pour Comptoir des cotonniers

Autre marque mais même domaine, Mango (marque espagnole à nouveau, est-ce une tradition ?) s’est également illustrée en matière de plagiat reprenant et commercialisant un modèle de sac de la créatrice Velvetine elle aussi connue sur la blogosphère.  La jeune créatrice n’a pas manqué de se défendre sur internet et dont les fidèles lecteurs et fans se sont empressés de relayer l’information sur le net à coup de message sur la page Facebook de la marque, de tweets, d’articles et de messages sur les forums de mode.

A gauche Velvetine et à droite Mango

A gauche Velvetine et à droite Mango (Suite)

Un fan de la créatrice exprime son mécontentement sur la page Facebook Mango

Malheureusement pour la jeune femme c’est Mango qui a remporté la bataille juridique puisque la juge en charge de l’affaire a accusé la créatrice d’attaque abusive et l’a condamnée à verser 6000 euros de dédommagement.  Le bad buzz aura toutefois perduré un moment puisque les internautes ont continué de s’en prendre la marque sur internet et des médias connus et influents ont à leur tour communiqué l’information sur internet.

Réaction de la marque Mango face à la décision du tribunal sur sa page Facebook

et les celle des internautes...

Ouverture d'une section concernant l'affaire sur la page Wikipédia Mango par les internautes

Plus récemment et dans un autre domaine c’est Rama Yade qui a été victime des injonctions des internautes pour plagiat de nombreux textes librement repris de blogs, forums, articles publiés sur internet et dans la presse pour alimenter son livre « Plaidoyer pour une instruction publique ». Le Bad buzz n’a pas manqué de se rependre sur les réseaux sociaux et a très vite rejoint la sphère publique étant révélé à la télévision (notamment le très célèbre Petit Journal de Yann Barthes) et dans la presse.

Alors on est en droit de se poser quelques questions : les blogs et leurs contenus sont-ils surexposés ? Protègent-ils convenablement leurs contenus ? Est-ce la rançon de la gloire ? La loi du plus fort d’après les pouvoirs juridiques et financiers déployés par les grandes marques comme ce fut le cas pour Velvetine ? Est-ce que le fait d’être repris et copié fait partie du jeu ?

Malgré les principes de droit d’auteur, de la propriété intellectuelle et du droit à l’image les dérives n’ont pas fini d’avoir lieu sur internet. Toutefois les blogueurs et autres pure players du web pourront toujours compter sur les internautes qui forts de leur pouvoir de partage et de communication n’hésitent pas à rendre publiques ces injustices même si le bad buzz ne s’avère être « que » temporaire.